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Commentaire

Le problème avec les histoires simples

08 juillet 2015

La personne la plus sage que je connaisse a joué un rôle de premier plan dans la création d'un certain nombre d'entreprises prospères. Elle fait partie des investisseurs les plus avisés au monde - preuves à l'appui. Ses compétences en matière de placements ont permis aux dizaines de milliers de familles qui lui ont confié leurs économies de s'enrichir. Récipiendaire de l'Ordre du Canada, il fait partie des plus grands philanthropes canadiens et, durant son temps libre, il a trouvé le moyen d'avoir un profond impact sur la recherche médicale. C'est un homme timide qui n'aime pas les feux de la rampe, pourtant son bureau est un lieu de passage des personnes les plus influentes du Canada qui viennent chercher conseil. Ce que cet homme donne prend rarement la forme de conseils. Au lieu de cela, il examine un problème avec vous et, par une série de questionnements, il vous permet de parvenir vous-même à la bonne conclusion. Il a le don d'élever le jeu de tous ceux qui l'entourent. Étant donné que j'ai eu la chance de rencontrer cet homme lorsque j'étais jeune, j'ai pu tirer parti de sa sagesse pendant de nombreuses années.

Il n'y a pas si longtemps, il m'a donné un livre de Daniel Kahneman, un psychologue renommé pour son travail sur la psychologie du jugement et la prise de décision. Il ne m'avait jamais recommandé un auteur en particulier jusqu'à présent. Pour une personne qui ne donne pas de conseil, c'était le plus loin qu’il n’irait probablement jamais.

C'est le livre le plus difficile que j'ai lu de ma vie. Le contenu était clair, mais c'était toute une brique. Au bout de 30 pages de lecture, j'étais déjà fatigué. Le thème général tournait autour de la réflexion fondée sur des partis pris et de l'influence de cette partialité sur nos capacités décisionnelles.

L'un des tenants centraux du livre était que les humains sous-estiment systématiquement le volume d'incertitude auquel ils sont exposés. Aussi bizarre que cela puisse paraître, nous devons sous-estimer dans une certaine mesure l'incertitude, à défaut de quoi notre cerveau serait incapable de prendre des décisions. Comme mécanisme d'adaptation, nous créons une illusion de ce que sera l'avenir, qui est beaucoup plus ordonnée que ce que le futur nous réserve en réalité. Pour ce faire, nous nous racontons des histoires simples.

Le livre m'a enseigné que pour être un meilleur investisseur, il faut se raconter moins d'histoires. Ce faisant, on peut se concentrer sur les faits connus et être mieux préparé à faire face à l'incertitude future.

Nous examinerons ici les cinq façons que nous employons pour lutter contre les histoires simples que notre cerveau veut nous raconter lorsque nous gérons vos économies durement gagnées.

Nous ne pouvons pas éliminer toutes les histoires, mais ces règles sont efficaces pour bon nombre d'entre elles :

Les prochaines années ne seront pas comme les dernières

Notre cerveau nous indique que l'avenir proche sera identique au passé récent. Les humains présument que ce qui s'est produit hier se reproduira demain. Au chapitre des placements, cela est rarement vrai. Les rendements passés sont rarement, voire jamais, indicatifs du rendement futur.

De simples calculs mathématiques nous indiquent que le prix d'entrée dicte le rendement d'une action, une façon sophistiquée de dire que plus vous payez pour une entreprise, moins le rendement sera élevé.

Le tableau ci-dessous* illustre le rendement mobile moyen sur une période de dix ans des sociétés figurant dans l'indice S&P 500 par rapport à leur valeur au moment de l'achat. Contrairement aux données à court terme que notre cerveau utilise pour créer des histoires, ces données remontent à 1937. Elles montrent que plus la valeur du marché est élevée au moment de l'achat, plus le rendement sur les dix années suivantes risque d'être faible.

Le tableau ne comporte pas de données au-delà de 2004, car il illustre les moyennes sur une période mobile de dix ans; par conséquent, si vous ajoutez dix ans à 2004, cela vous amène au présent. Cependant, si vous revenez à 2012, le ratio cours/bénéfice des sociétés figurant dans le S&P 500 était d'environ 15,5x. Selon ce tableau, une valeur de départ d'environ 15,5x produirait un rendement annuel composé sur 10 ans situé entre 7 % et 17 %. Nous ne saurons qu'en 2022 si cet ordre de valeur est exact. Il est intéressant de noter que le ratio cours/bénéfice de l'indice S&P 500 est aujourd'hui près de 20x, ce qui donnerait un rendement oscillant entre 2 % et 12 % au cours des dix prochaines années. Ce chiffre est visiblement inférieur à ce qu'était l'ordre de valeur en 2012.

Nous ne possèdons pas les titres de l'indice S&P500. Nous privilégions plutôt les titres d'un groupe restreint d'entreprises dont le rendement combiné battra, à notre avis, les indices de référence. Cependant, lorsque nous examinons les entreprises aujourd'hui, nous reconnaissons que la valeur des titres est plus élevée et que les rendements futurs seront inférieurs à ce qu'ils ont été ces dernières années. Vous devez être conscients de ce fait et ne pas laisser votre cerveau vous indiquer le contraire.

La volatilité est la seule constante

Lorsque quelqu'un mentionne des rendements annuels futurs, notre cerveau simplifie l'histoire pour s'y retrouver. Notre cerveau nous indique que ce rendement sera atteint de façon constante au fil du temps. Par exemple, si je vous disais que je crois qu'une entreprise peut produire un rendement de 10 % par an, votre cerveau imaginerait probablement le scénario de rendement suivant :

Rendement annuel composé = 10 %


Si nos prévisions sur les rendements futurs sont exactes, il y a de fortes chances que la distribution des rendements ressemble à peu près à cela :

Rendement annuel composé = 10 %

 

Pour être fonctionnel, notre cerveau a besoin d’ordre et il construit cet ordre en créant des histoires sur l'avenir alors que l'ordre est la chose qui risque le moins de se produire. Il est important d'en être conscient et le tableau suivant en illustre les raisons.

Ce tableau †montre les rendements annuels et les reculs en cours d'exercice des sociétés figurant dans l'indice S&P 500 au cours des 35 dernières années :

Depuis 1980, le rendement annuel de l'indice S&P 500 s'est élevé à 10,6 %, alors que la baisse moyenne en cours d'année a atteint 14,2 %. Notre cerveau aime se concentrer sur le rendement annuel de 10,6 % en faisant abstraction des diminutions annuelles.

Le problème avec la simplification de l'avenir survient lorsque les baisses temporaires de valeur remettent en question l'histoire simple de rendement que nous nous racontons. Cela porte à confusion et provoque des émotions indésirables de peur et d'angoisse. Ces émotions sont d'autant plus fortes lorsque l'on a récemment traversé des périodes de faible baisse en cours d'année. Par exemple, en 2013, 2014 et jusqu'à présent en 2015, le marché des actions a enregistré, en cours d'année, une baisse maximale de 6 %, 7 % et 4 % respectivement. Il s'agit de baisses modestes par rapport aux baisses enregistrées par le passé. Malgré les preuves du contraire, notre cerveau présume que la tendance va se poursuivre. Cependant, les faits indiquent qu'en moyenne, les marchés connaissent habituellement une plus grande volatilité que ce que nous avons observé au cours des trois dernières années.

Nous ne considérons pas que la volatilité temporaire des cours des actions représente un risque. Pour les investisseurs qui connaissent la valeur d'une entreprise, la volatilité devient un ami alors qu'elle peut devenir un ennemi pour ceux qui ne la connaissent pas. C'est notre travail de connaître la valeur des entreprises afin de tirer parti de la volatilité du marché pour la tourner à notre avantage. Nous nous efforçons d'entraîner notre cerveau à s'attendre à la volatilité et à l'accepter, et nous vous encourageons à suivre notre exemple.

Nous avons parlé de long en large de la volatilité dans nos commentaires antérieurs. Si vous souhaitez en savoir plus sur nos réflexions sur le sujet, veuillez consulter :

Restez insensible aux mouvements du marché – 3e trimestre 2013
Le choix judicieux pour nos familles – 4e trimestre 2011
28 questions et une soirée chez les pessimistes – 1er trimestre 2011

Que savez-vous de plus que les autres?

Notre cerveau aime présumer que si une entreprise est populaire, elle doit constituer un bon investissement. À titre d'exemple, un ami à moi m'a mentionné que je devrais envisager Under Armour comme possibilité de placement. À titre de directeur de création chez l'une des plus importantes entreprises de publicité, mon ami en connaît un rayon sur les entreprises prospères. Il a ajouté qu'étant donné qu'Under Armour commandite des athlètes comme Jordan Spieth (le récent vainqueur de l'Open de tennis américain) et Stephen Curry (récemment nommé meilleur joueur de la NBA), son chiffre d'affaires devrait augmenter. Je lui ai répondu que je comprenais que Spieth et Curry pourraient faire mousser les ventes de l'entreprise, mais je lui ai demandé s'il savait quel atout unique possédait l'entreprise par rapport au reste du marché. Après tout, tous ceux qui ont regardé les matchs de l'U.S. Open ou les matchs de finale de la NBA cette année n'ont pas pu manquer le fait qu'Under Armour commanditait Spieth et Curry. Ce que mon ami savait au sujet d'Under Armour était connu de millions d'autres personnes, ce qui signifie habituellement que la valeur que les gens voient dans une entreprise se reflète déjà dans le cours de l'action. Sans renseignements exclusifs, comment pouvait-il obtenir un rendement supérieur à la moyenne avec son placement dans l'entreprise?

À notre avis, la meilleure façon d'acquérir les actions d’une entreprise à un prix avantageux est de considérer celle-ci sous un angle négligé par les autres. C’est ce que nous appelons des points de vue exclusifs.

Nous nous efforçons de développer des perspectives qui nous sont propres sur des entreprises que nous comprenons bien. Nous visons des sociétés qui ont des positions concurrentielles solides et des barrières à l’entrée défendables, présentent des perspectives de croissance à long terme et sont dirigées par une équipe compétente. Ces positions reflètent généralement notre opinion pour un horizon de placement supérieur à cinq ans.

Ces points de vue exclusifs portent essentiellement sur la façon dont une entreprise peut prendre de l'expansion à l'avenir et pourquoi on ne nous demande pas de payer pour cette croissance aujourd'hui. En réalité, elles sont l'exact opposé des histoires simples que notre cerveau aime inventer pour composer avec l'incertitude.

Nous n'investissons que dans les titres pour lesquels nous trouvons des points de vue exclusifs. Nous vous encourageons à habituer votre cerveau à faire la même chose si vous prévoyez investir dans des actions individuelles.

Les douves de protection : accroître la probabilité de bien prévoir les bénéfices futurs

Notre cerveau nous indique que ce qui est une bonne affaire aujourd'hui le sera demain, mais en réalité bon nombre des avantages concurrentiels que possède une entreprise s'amenuiseront au fil du temps. Aussi, comment prédisez-vous qu'une entreprise continuera d'être prospère à long terme lorsque nous avons déjà déterminé que les capacités de prévision de votre cerveau étaient limitées? En tant qu'investisseurs, nous nous efforçons d'y parvenir en sélectionnant des entreprises dotées de douves de protection.

Qu'est-ce qu'une douve de protection pour une entreprise? Dans sa forme la plus simple, une douve de protection est la capacité de conserver une longueur d'avance sur les concurrents. Plus précisément, si on donnait 100 millions de dollars à quelqu'un pour créer une entreprise, pourrait-il faire concurrence à votre entreprise et terminer gagnant? Si ce n'est pas le cas, votre entreprise est probablement dotée d'une douve de protection.

Si l'avenir est moins ordonné que nous le pensons, une douve de protection permettra alors aux entreprises de prospérer dans des conditions très variables.

Investir dans des entreprises dotées d'une douve de protection nous a permis de créer de la richesse depuis le lancement de Cymbria. Parmi les exemples de douves de protection figurant actuellement dans votre portefeuille, citons :

Ryanair

Le coût moyen de transport d'un passager sur un vol Ryanair est de 29 €. Pour son principal concurrent, ce coût est de 52 €. Le prix moyen d'un billet d'avion Ryanair s'élève à 47 €. C'est ce qu'on appelle une douve de protection. Cela permet à Ryanair de réaliser des bénéfices solides tout en maintenant ses prix inférieurs à ceux de ses principaux concurrents. Depuis que nous détenons des titres de Ryanair, il s'est produit de nombreux événements imprévisibles dans le monde. En l'occurrence, des taux de chômage élevés sur les marchés desservis par Ryanair, des éruptions volcaniques qui ont entraîné la fermeture de l'espace aérien pendant de longues périodes et des prix du carburant élevés imprévus. Malgré la conjoncture incertaine, Ryanair a assuré la croissance de son bénéfice par action, qui est passé de 0,11 € à 0,63 €.††

Anthem

Anthem vend de l'assurance médicale aux États-Unis. Dans certains États, l'entreprise détient près de la moitié du marché. Cette position dominante sur le marché permet à Anthem d'acheter des services médicaux aux hôpitaux à un prix moindre que ses concurrents, ce qui en retour lui permet d'offrir des primes moins élevées à ses clients. Les primes plus faibles l'aident à protéger sa position dominante en lui permettant de continuer à attirer de nouveaux clients. Depuis que nous détenons des titres d'Anthem, l'entreprise a été confrontée à des variables imprévisibles, telles que la nouvelle législation en matière de soins de santé destinée à comprimer ses bénéfices, une importante récession aux États-Unis et un président qui n'est pas en faveur de son modèle économique. Au cours de cette période, Anthem a vu son bénéfice par action passer de 4,79 $ à 9,31 $.‡

Morale de l'histoire : l'avenir est bien plus incertain que ce que notre cerveau nous permet de croire; il est donc fondamental d'avoir une douve de protection autour de votre entreprise.

Ce n'est pas censé être facile

C'est l'histoire simple la plus déconcertante que notre cerveau nous fait croire. La plupart de nos investisseurs ont travaillé d'arrache-pied pour épargner l'argent qu'ils nous ont confié. Certains ont travaillé 60 heures par semaine pendant des années, ont occupé plusieurs emplois ou ont dû suivre une nouvelle formation à maintes reprises pour répondre aux exigences de leur employeur. En fin de compte, ils ont en contrepartie réalisé des économies. En dépit de tout cela, lorsqu'ils investissent ces économies sur le marché, ils s'attendent à ce qu'il soit plus facile de réaliser des profits que de faire carrière. Ce n'est simplement pas le cas. Investir est une tâche extrêmement difficile. Cela peut souvent vous pousser à bout, comme dans votre vie professionnelle.

En vérité, notre secteur est coupable de vendre la même histoire à votre cerveau – il est facile de faire de l'argent. Notre secteur vous mettra sous le nez les données sur les rendements antérieurs, en espérant que votre cerveau vous fasse croire que si vous investissez, vous pourrez vous aussi obtenir ces rendements. Confronté à un avenir incertain, notre secteur sait que votre cerveau suivra cette piste. Ce que ces publicités ne vous montrent pas, c'est que les personnes qui obtiennent ces rendements ont dû composer avec l'incertitude et la peur. Elles s'en sont tenues à leur plan à long terme et ont accepté que cette volatilité se produise. Elles ont parfois trouvé l'expérience extrêmement difficile, mais elles ont tenu le coup. Pour les investisseurs qui sont clients de Cymbria depuis plus de trois ans, vous savez de quoi je parle. Ça ne va pas toujours de soi. Ne laissez personne vous faire croire le contraire.

Point final

Le monde est incertain et le sera probablement davantage à l'avenir. Vous nous avez donné le mandat de placer vos économies durement gagnées dans un contexte d'incertitude. Comme nous l'avons fait précédemment, nous nous efforcerons de créer les conditions gagnantes en appliquant notre approche de placement. Nous continuons d'investir avec une confiance mesurée. En outre, nous sommes heureux de pouvoir compter sur votre confiance, et pour en être dignes, nous nous ferons un plaisir de travailler pour faire fructifier votre patrimoine.

 

Pour connaître le rendement standard le plus récent, veuillez consulter la page des résultats d'investissement.


*Source : Robert Shiller – ratios C/B actuels; à la date du début de la période selon les bénéfices déclarés des 12 derniers mois sans rajustement. Rendements totaux en dollars américains. Les rendements portent sur une période de dix ans suivant l'année illustrée. Au 31 décembre 2014.
Rendements pour l'année civile et rendements en cours d'année selon l'indice des prix seulement (hors dividendes). Au 15 mars 2015. Source : Standard & Poor’s, FactSet Research Systems Inc., J.P Morgan Asset Management. Les baisses pendant l’année font référence aux principales baisses boursières, où les cours des actions passent d’un sommet à un creux pendant l’année. À des fins d’illustration seulement. Le calcul du rendement annualisé est fondé sur les rendements des cours enregistrés du 31 décembre 1979 au 4 janvier 1988 selon Yahoo Finance, et sur les rendements totaux enregistrés du 5 janvier 1988 au 31 mars 2015 selon Bloomberg.
††Source : Bloomberg LP. Bénéfices par action du 31 décembre 2008 au 31 décembre 2014 (en euros).
Source : Bloomberg LP. Bénéfices par action du 31 décembre 2008 au 31 décembre 2014 (en dollars américains).
§Source : Bloomberg LP. Bénéfices par action du 31 décembre 2008 au 31 décembre 2013 (en dollars canadiens).